Le VVX trail 110km 3500md+ était la deuxième course programmée cette année, sur la route de mon UTMB 2023. Le VVX pour Volvic Volcanic Expérience est comme son nom l’indique une course au départ de Volvic et qui parcourt la Chaîne des Puys (les volcans d’Auvergne).
J’aborde cet Ultra avec une relative insouciance sans trop me projeter et sans vraiment appréhender la difficulté à venir. J’avais certes déjà réalisé un ultra de cette distance, le trail de Nice Côte d’Azur en 2022. En revanche, ma course précédente, la Diag78 de 100km réalisée quelques semaines plus tôt avait été bien difficile et ne me donnait aucune confiance pour aborder ce défi de niveau supérieur. De plus, entre la récupération de « la Diag78 », une mini entorse et un emploi du temps pro chargé, la préparation n’avait pas été idéale. Je suis donc surpris de mon faible niveau de stress avant d’aborder l’évènement.
Arrivés la veille de la course avec Cécile, nous nous rendons directement sur le lieu de l’organisation à Volvic, sur l'ancienne usine d'embouteillage des eaux du même nom, récupérer mon dossard. Il y a beaucoup de monde. Je me sens dans mon élément avec tous ces trailers. Je ne ressens pas encore l’excitation de la course.
Nous prenons ensuite possession de notre gite à proximité de Clermont-Ferrand. Le réveil est programmé à 2h15 pour un départ de course prévu à 4h. Sans trop d'anxiété je parviens à dormir quelques petites heures, et me voilà à 4h du matin sur la ligne de départ.
Le speaker rameute la foule des trailers à moitié endormis sur la ligne de départ. Puis confie le micro à François D'Haene, parrain de l'épreuve, qui lance aux quelques 600 trailers rassemblés et prêts à en découdre, quelques mots d’encouragement. C’est sympa !
Et c'est parti ! le départ est donné, je me suis placé à l'arrière. Je vois le flot des coureurs partir devant moi, et je réalise que je prends un risque d’être bloqué par les bouchons. Le peloton s'étire dans la montée, sur un chemin assez large. Après 3 ou 4 km, les premiers ralentissements apparaissent dès que le chemin se fait plus étroit. Puis plus loin, un nouveau bouchon m’arrête quelques minutes. Moi qui ne voulais pas partir vite, je suis servi !
Une première montée de 800 mètres avant le premier ravito, nous met tout de suite dans l'action.
Je me rends compte que la majorité des coureurs sont munis de bâtons. J’avais fait le choix de ne pas en prendre. je n'avais pas fait encore d’entraînement avec et je n’avais pas jugé suffisant les 3500m de d+ annoncés pour les apporter. Je me dis que je vais peut-être le payer à la fin de la course sur les dernières bosses.
La forêt est dense sur cette première partie. Il fait encore nuit quand les chants des oiseaux s'élèvent, avant que le jour commence à poindre. Nous sortons de la forêt obscure et nous découvrons les premières lueurs du jour. Le sommet nous offre un panorama sur la chaîne des puys qui émergent dans la brume.
Nous apercevons aussi au loin le Puy-de-Dôme qui se présente à nous. C’est le gros morceau !
Au pied du Puy-de-Dôme et dans la montée nous croisons les coureurs qui redescendent du sommet par le même chemin. Ils doivent avoir une bonne avance. Le ravitaillement des 30km nous attend au sommet. L’ascension est bien raide, ça pique !
Au sommet, un vent glacial m’oblige à m’arrêter pour enfiler un coupe-vent, des gants et un bonnet. Nous faisons le tour du sommet en plein vent pour admirer le paysage à 360 degrés.
Je me restaure rapidement et redescends dans une pente tout aussi raide qui brûle les cuisses. Après ces 1800m de d+ gravis sur les 30 premiers km, la suite du parcours s’annonce moins accidentée avant de rejoindre en fin de parcours quelques belles bosses qui devraient faire mal.
Je jette un œil sur le site live de la course. Malgré mon départ prudent, mon temps de passage au Puy-de-Dôme est en avance sur mon planning, d’environ 30min. Je préviens Cécile par message pour qu’elle anticipe mon arrivée sur le ravitaillement au château de Montlosier.
Un peu plus loin, j’aperçois un groupe venant d’un autre chemin et opérant visiblement un demi-tour. Ils ont raté la bifurcation. Ils me doublent rapidement sans doute énervés d’avoir perdu des minutes précieuses. Puis quelques kilomètres plus loin c’est moi qui me fais prendre. je suivais une coureuse, je la vois s’arrêter, puis opérer un demi-tour. Elle me dit qu’elle a dû rater une autre bifurcation ! Moi je n’ai rien vu et nous voilà revenir sur nos pas sur quelques centaines de mètres à la recherche d’une balise pour retrouver notre chemin. C’est rageant !
A l’approche des 45 km, je me sens toujours en forme. Je garde la même allure que sur le début de la course. J’attends tout de même avec impatience le prochain ravitaillement où Cécile devrait m’attendre.
J'arrive au ravitaillement du Château de Montlosier, je ne vois pas Cécile. Je vais la rater à quelques minutes près. Mon estimation du timing n'était pas juste. Je passe avec 45 minutes d'avance au ravito. Je repars du ravito, un peu déçu de ce rendez-vous manqué.
Le moral reste bien orienté. Pas de défaillance en vue, je passe les 50 km avec les voyants au vert.
L’allure a baissé par rapport au début, en revanche je commence à apercevoir des coureurs au ralenti que je commence à doubler. Le profil est assez plat. Il faut garder l’allure. Relancer dans les faux plats montants. Rien lâcher ! quand la fatigue se rappelle à vous en permanence. Il n’y a pas d’ascension pour permettre de marcher, ou de descente pour se relâcher.
La difficulté réside dans l’usure et la fatigue qui monte petit à petit. Une nouvelle course démarre. Je me mets en mode combattant avec de fréquents coups d’œil sur ma montre pour relancer l’allure et le cardio lorsque celui-ci m’indique qu’il y a un peu de marge. J’aperçois au loin un concurrent, je vois progressivement l’écart se réduire jusqu’à le passer. Nous échangeons quelques mots, je m’efforce de l’encourager. Puis un autre apparait. Ce scénario se répète coureur après coureur. je regagne des places une à une. Je maintiens mon allure au prix d’une lutte avec moi-même pour continuer à garder ce même élan.
Seuls les ravitaillements constituent un moment de répit. Je prends un peu de temps pour m’alimenter et pour jeter un œil sur les messages d’encouragement. Cécile me retrouve sur 2 d’entre eux.
J’avale avec gourmandise la purée de patates douces qu’elle m’a apportée. Je me vois en train de manger rapidement ma purée et j’ai un flash qui apparait : je vois Matthieu Blanchard au dernier ravito de Vallorcine sur l’UTMB 2022 lorsqu’il est à la lutte avec Killian Jornet. Alix, sa compagne qui réalise son assistance, lui tend une purée qu’il ingurgite en une poignée de seconde. Au moment où il s’élance juste devant Killian après un « pit stop » express, elle lui lance à l’oreille quelque chose comme « tu vas le bouffer ! ». Un moment d’anthologie !
Non ce n'est pas les premiers signes d'hallucinations! Je me prends juste à rêver.
Mais évidemment je ne joue malheureusement pas les premiers rôles …
Je garde en mémoire, le coup d’œil que j’avais jeté à mon classement au premier pointage au sommet du Puy-de-Dôme, 450 sur 600. Je me dis que ce serait bien de parvenir à descendre au moins sous les 400. Au départ des ravitos, j’essaie de relancer la dynamique, mais la machine a beaucoup de mal à redémarrer, je mets plusieurs minutes à reprendre mon allure. Je reconnais les premiers concurrents que je double. Je les avais déjà passé avant le ravitaillement. Ils ont dû faire une pause plus courte que la mienne. Je m’accorde tout de même quelques arrêts pour prendre des photos, puis je relance.
A l’approche des 100km, le profil du parcours change à nouveau. La pente devient raide. Les mains sur les genoux je pousse pour tenter de soulager mes cuisses. Les autres concurrents poussent sur leurs bâtons ce qui présente forcément un avantage après 14 heures de course. Je parviens tout de même à maintenir ma position dans la montée, et je regagne encore quelques places dans la descente qui suit.
J’atteins le dernier ravitaillement, il ne reste plus que 11 km et une grosse bosse à gravir avant l’arrivée à Volvic. Je retrouve Cécile. Je me pose sur un banc et me fait servir. Je prends un peu de temps. Je ne veux pas connaitre de défaillance, si près de l’arrivée. Je fais un point sur mon planning. Un décompte rapide me dit que je suis en avance de près de 50 minutes sur mon temps prévu. J’avais estimé mon temps de course possible à 18 heures. Finalement, je me demande si les 17 heures ne seraient pas atteignables ?
Je repars avec confiance et regagne assez vite les positions perdues lors de mon arrêt.
A environ 5km de l’arrivée, je me dis que je suis à la limite de la rupture, je m’accroche et me persuade de pouvoir tenir ce rythme jusqu’à l’arrivée. J’aperçois Volvic au loin en face, l’espoir d’une arrivée plus proche que prévue disparait assez vite, le chemin se détourne à droite pour passer par la dernière grosse bosse.
Je livre mes dernières forces dans la bataille. Il n’y a plus de calcul. Je suis dans le rouge. Il fait presque nuit. Je ne m'arrête pas pour aller chercher ma frontale au fond de mon sac.
La ligne d’arrivée est là à 1km, 500m, je vois Cécile qui me fait des grands signes et je passe la ligne d'arrivée.
Je m'écroule presque juste derrière.
Il me faut quelques minutes pour retrouver mes esprits. Je vois un écran d'affichage. Je cherche mon nom. Je le vois dans la liste. mon temps et mon classement s’affiche 17h02 et 280ème au scratch.
Debrief de la course :
J’ai vécu une course pleine que j’ai eu l’impression de maitrisée, et ce n’est pas souvent le cas. La remontada avec 170 places gagnées entre le trentième km et l’arrivée était très grisante. Je pense que c’est grâce à un départ prudent et une bonne gestion de course, je ne me suis pas enflammé, que j’ai pu éviter la défaillance.
C’était une course 100% plaisir. Même si je suis resté focus sur toute la course, j’ai tout de même eu de nombreux échanges, et petits mots d’encouragements. C’est aussi cela le trail !
Le balisage était très correct, mon erreur de parcours était sans doute dû à une faute d’inattention. Les ravitos étaient assez bien fournis. Il manquait à mon goût des soupes et un plat chaud sur un ravito. Pour le reste l’organisation était au top.
Le lieu d’accueil à Volvic était vraiment sympa, avec buvette, food trucks, concerts et animations, nous n'en avons pas beaucoup profité, dommage. A redécouvrir une prochaine fois donc.
Les paysages étaient d’une grande beauté. Je garde un bon souvenir du lever du jour au sommet d’un des puys, du passage au sommet du Puy-de-Dôme et des paysages volcaniques surprenants tout au long du parcours.
J’embrasse ma chérie qui m’a accompagné dans cette aventure et m’a bien soutenu.
Je remercie les copains, et aussi la famille pour tous les petits mots d'encouragement qui m’ont fait très plaisir.
Prochain rendez-vous, le 1er Septembre, « La course de quartier ».